[Article issu de la Newsletter] Qu’attendre du nouvel exécutif sénégalais en matière de nouvelles technologies ? La question est encore épineuse, mais n’a pas été absente des propositions du candidat Faye à la présidentielle. La science et l’innovation occupent d’ailleurs tout un chapitre de sa profession de foi (consultable ici).
Il y a, dans ce document, beaucoup de généralités et de vœux que ne contesterait aucun expert. Il y a aussi des promesses concrètes, comme stimuler l’esprit d’innovation dès l’université et lui donner corps, non plus à travers de simples “prototypes”, mais dans des mesures “ambitieuses” qui répondent à des “besoins endogènes”. Un Conseil national de coordination et de concertations sur les questions de recherche et d’innovation technologiques sera créé pour piloter tout ça. L’accent est clairement mis sur l’acquisition des connaissances et le développement de filières technologiques, notamment.
Par ailleurs, la part du financement de la recherche par l’Etat sera porté “à au moins 1% du PIB” – ce qui placerait le pays parmi les meilleurs élèves du continent.
Côté encadrement, le Sénégal de Bassirou Diomaye Faye se voudra moteur dans l’établissement d’un règlement régional sur la protection des internautes et de leurs données, affirme le document, en s’inspirant du RGPD européen. Un droit à la protection de ces informations sera aussi inscrit dans la Constitution. Fidèle à sa ligne souverainiste, le nouvel exécutif veut également développer des datacenters… “souverains”.
S’il s’inscrit dans la continuité des précédents gouvernements pour ce qui est de la numérisation des services publics – avec une volonté de rationalisation -, le nouveau président, du moins dans son programme, a eu moins de mots pour l’écosystème startup du pays. Celui-ci pointe à la 10e place en Afrique, pour ce qui est des capitaux levés en 2023, et montre un dynamisme certain. Il devrait néanmoins bénéficier d’un nouveau fonds : le Fonds national pour le développement de la recherche et de l’innovation.
La question de la mainmise sur l’internet reste, elle, en suspens. Si le nouveau chef de l’Etat souhaite une connexion accessible à tous les Sénégalais, succombera-t-il aux sirènes de la censure, comme son prédécesseur ? RSF appelle en tout cas à la vigilance sur ce dossier.