[Article issu de la Newsletter] Les Big Tech (essentiellement américaines) ont mis au pas le paysage médiatique, et tirent largement profit de ce rapport de force en tous points inégal. C’est un peu la conclusion à laquelle est arrivée la Commission de la concurrence en Afrique du Sud.
Celle-ci fait suite à des audiences publiques menées par l’organisme, réunissant professionnels des médias et représentants des plateformes, au cours desquelles les premiers ont présenté un panorama assez sombre du secteur journalistique sud-africain et de ses revenus.
“Nous étudions comment les entreprises médiatiques pourraient, si elles le peuvent, modifier leur modèle économique et trouver de nouvelles façons de générer des revenus à partir de leur contenu. Nous essayons également de voir comment Google, Meta et les autres opérateurs de plateformes pourraient rémunérer les publications pour leur contenu”, a déclaré Noluthando Jokazi, analyste principal à la Commission de la concurrence, au site TechCentral.
Dans l’Union européenne, la directive sur les droits voisins fait loi (appliquée en France depuis octobre 2019). Elle permet une rémunération des éditeurs lorsque les plateformes utilisent leurs contenus. L’Australie s’est dotée d’une législation similaire, en 2021. Si cette dernière est prise pour exemple par le régulateur sud-africain, elle comporte un point délicat : le texte laisse à chaque média le soin de négocier directement avec Google et Meta le montant et la forme de la rémunération.
De fait, les plus gros éditeurs (en Australie, News Corp de Rupert Murdoch et Nine Entertainment) sont en position de force, alors que les “petits” médias indépendants ont peu d’atouts dans leur manche. Et ça, ça ne plait pas aux Sud-Africains. L’idée est donc de créer un fonds commun, alimenté par les Big Tech, et distribué au prorata du trafic généré – ce qui est mieux, mais toujours pas vraiment à l’avantage des petites publications. Sans compter les potentiels abus.
Reste un problème, toujours de taille, si les grandes plateformes acceptent de jouer le jeu : la dépendance du secteur aux Gafam n’en serait que renforcée…