L’année 2022 commence par une bonne nouvelle, au Nigeria, sur le front des libertés numériques. Après sept mois de suspension, Twitter est à nouveau accessible dans le pays. Une annonce faite par Kashifu Inuwa Abdullahi, directeur de l’Agence nationale pour le développement des technologies de l’information. Lors de notre rétrospective, nous vous faisions état de négociations qualifiées, en nombre dernier, de « très productives » entre les responsables du réseau social et les autorités nigérianes. Il semble donc que ces dernières aient abouti.
Comment la situation s’est-elle débloquée ? Selon le communiqué du NITDA, Twitter se serait conformé à toutes les demandes d’Abuja, « notamment en matière de taxation et de gestion des contenus ne respectant pas les lois du Nigeria », précise l’AFP. Le pouvoir avait en effet posé une douzaine de conditions à la reprise des activités de la plateforme de microblogging dans le pays. Parmi elles, l’établissement d’une entité légale sur le territoire, demande à laquelle Twitter s’est conformé : cette entité sera créée dans le courant du premier trimestre 2022.
Des deux côtés, cet accord a été célébré. Sur Twitter, précisément, le porte-parole du président Buhari a salué ce retour d’un vibrant « Welcome back ». La résolution de ce conflit débouche, selon lui, sur la mise en place d’une « base pour un avenir mutuellement bénéfique avec des possibilités infinies ».
Le réseau social a également réagi positivement, rappelant que sa « mission au Nigeria et dans le monde [était] de servir la conversation publique. Nous sommes profondément engagés [dans le pays], où Twitter est utilisé par les gens pour le commerce, l’engagement culturel et la participation civique. »
We are pleased that Twitter has been restored for everyone in Nigeria. Our mission in Nigeria & around the world, is to serve the public conversation.
— Twitter Public Policy (@Policy) January 13, 2022
We are deeply committed to Nigeria, where Twitter is used by people for commerce, cultural engagement, and civic participation.
Un retour sous quelles conditions ?
Le 4 juin 2021, la suspension de Twitter par les autorités nigérianes, suite à la suppression d’un tweet du président Buhari, avait provoqué de vives protestations à l’intérieur du pays mais aussi à l’étranger. Cette décision n’était qu’une bataille de plus dans la guerre engagée entre les deux parties depuis la mobilisation contre les violences policières, baptisée #EndSars, que l’ancien patron du réseau social, Jack Dorsey, avait ouvertement soutenue. Elle s’inscrivait également dans une politique plus large du pouvoir de contrôle du discours sur internet (lire notre analyse).
La question est donc désormais de savoir sous quelles conditions ce retour est-il permis – elles n’ont pas été détaillées à l’heure décrire ces lignes. Difficile de ne pas voir dans l’acceptation par Twitter de toutes les exigences d’Abuja, une possibilité plus grande, à l’avenir, pour le pouvoir de faire pression sur la plateforme.