C’est une nouvelle qui est passée relativement en dessous des radars des rédactions. Le 31 janvier dernier, Meta (anciennement Facebook) a discrètement publié une note annonçant la fin de son programme Express Wi-Fi à travers le monde, après plus de cinq années de bons et loyaux services. Une fermeture qui devrait être effective en fin d’année et qui concerne particulièrement l’Afrique.
C’est clairement un changement de cap. En mai 2021, Facebook étendait encore son service en s’associant avec le français Eutelsat pour couvrir douze nouveaux pays africains (RDC, Nigeria, Côte d’Ivoire, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Kenya, Madagascar, Afrique du Sud, Cameroun, Ghana et Zimbabwe). En y ajoutant le Burkina Faso, le Sénégal, le Malawi, la Guinée et l’Afrique du Sud – via cette fois les opérateurs -, plus d’une quinzaine de pays du continent profitaient de ce service, bien que celui-ci commençait doucement à tirer sa révérence. Au Kenya, il était déjà hors ligne depuis décembre.
Express Wi-Fi est une plateforme développée par Facebook Connectivity qui permet aux partenaires de créer, développer (mais aussi de monétiser) leurs activités liées au Wi-Fi, tout en offrant à leurs clients un accès robuste, rapide et abordable à leurs clients. Se faisant, il permet le développement de hotspots à bas tarifs, qui profitent autant aux consommateurs qu’aux entreprises. Pour les opérateurs partenaires, la plateforme de Meta permettait d’atteindre de nouveaux clients.
Un continent en retard dans l’accès à internet
Fin 2020, 303 millions de personnes à travers l’Afrique subsaharienne étaient connectées à l’Internet mobile, soit l’équivalent de 28% de la population, relevait la GSMA, le groupement mondiaux des opérateurs, dans un récent rapport. « D’ici 2025, plus de 170 millions de personnes dans la région auront commencé à utiliser l’internet mobile pour la première fois, ce qui portera le taux de pénétration à un peu moins de 40 % de la population. » Encourageant, mais cela reste bien loin des scores enregistrés sur les autres continents.
Si les initiatives pour connecter l’Afrique de Meta restent décriées (tant sur sur le fond que sur la forme), la mise à l’arrêt de l’Express Wi-Fi n’est pas une bonne nouvelle pour la connectivité sur le continent. Ce service avait en effet des côtés bien pratiques. Il permettait d’abord d’amener de la connexion dans des régions mal desservies par le réseau à larges bandes. Le faible coût d’utilisation permettait aussi la consommation de plus de données, offrant ainsi à des personnes déjà connectées l’accès à de nouveaux services. Enfin, Il permettait de résoudre « le problème de la surcharge des réseaux dans les zones urbaines et semi-urbaines en permettant aux opérateurs de décharger leur trafic mobile sur le réseau Wi-Fi », relèvait une étude du cabinet Analysis Mason, réalisée pour le géant californien en 2020.
Une fin en douceur ?
Empêtrée dans une série de scandales, dont la dernière en date concerne son service d’internet gratuit Discover, la firme de Menlo Park souhaite désormais se concentrer sur d’autres projets de connectivité dans le monde – dont le câble 2Africa qui continue de s’étendre, enserrant l’Afrique.
« Avec nos partenaires, nous avons contribué à étendre l’accès au Wi-Fi public dans plus de 30 pays via la plateforme Express Wi-Fi. Bien que nous terminions notre travail sur ce programme pour nous concentrer sur le développement d’autres projets, nous restons engagés à travailler avec nos partenaires de l’écosystème des télécommunications pour offrir une meilleure connectivité », assure Meta.