MTN garde le cap dans la tempête. Le groupe sud-africain de téléphonie, fondé en 1994 et présent dans 16 pays d’Afrique, vient de présenter un bilan financier annuel assez reluisant, malgré la crise économique. Les revenus des services de l’opérateur ont augmenté de 18,3% pour atteindre 10,45 milliards d’euros, le résultat net a lui augmenté de 23,7% pour s’établir à presque 5 milliards d’euros. Mais ce qui a retenu notre attention – et celle d’autres journalistes – ce sont les données concernant MTN MoMo, le service de mobile money de la société. Car avec un nombre d’utilisateurs actifs en forte hausse (+22,6%) pour atteindre les 56,8 millions, MTN MoMo deviendrait le service d’argent mobile le plus populaire en Afrique, damant le pion à M-Pesa.
En effet, la légendaire plateforme lancée au Kenya en 2007, qui vient tout juste de fêter ses 15 ans, affiche elle aussi de belles performances pour l’année écoulée, mais servant « seulement » 51 millions de clients actifs. Et si, selon le comparatif établi par iAfrikan, elle devance encore sa rivale sud-africaine sur le nombre de transactions, elle reste derrière (et parfois bien derrière) pour ce qui est du montant des transactions, du nombre d’agents sur le terrain ou encore du nombre de pays desservis.
Le mobile money, dont l’Afrique peut être considérée comme pionnière dans l’usage de masse, ne cesse de gagner des adeptes. Selon la GSMA, le syndicat mondial des opérateurs, l’Afrique a dépassé le demi-milliard de comptes ouverts en 2020. Cette même année, près de 450 milliards d’euros ont transité par ce biais, soit bien plus que toutes les autres régions du monde réunies. C’est aussi sur ce continent que la croissance du nombre d’abonnés reste la plus forte. Des abonnés qui se trouvent essentiellement en Afrique de l’Est (la zone où M-Pesa reste leader) et l’Afrique de l’Ouest où d’autres acteurs, comme Orange Money, tentent de se faire une place au soleil. L’usage est bien moindre au Maghreb et en Afrique australe, zones où les populations sont aussi plus bancarisées, mais en forte augmentation tout de même.
📱 Quels usages du mobile money en Afrique ? Le dernier rapport de la GSMA donne des chiffres précis : « 19% [des comptes actifs] en moyenne enregistrent un paiement de facture et 13% un paiement groupé. En parallèle, un peu plus de 10% d’entre eux enregistrent un paiement marchand, contre 9 % en 2019. Comme on peut s’y attendre, il n’y a qu’un petit pourcentage de comptes (1%) qui envoient ou reçoivent des transferts internationaux. »
Si le potentiel de croissance est donc toujours là, MTN, sous la présidence de Ralph Mupita, vise plus haut : le géant sud-africain est en train de séparer ses services fintech (dont MoMo) du reste de ses activités afin d’attirer de nouveaux investisseurs, et (beaucoup) d’argent. (Photo : Dada dada / CC)