Le paiement électronique a bien de l’avenir en Afrique et les différents acteurs du secteur devraient le constater rapidement au niveau de leurs revenus. C’est une nouvelle étude de McKinsey qui nous le dit, publiée dans la foulée de celle évoquant l’état de la Fintech en Afrique.
Intitulé « The future of payments in Africa », le rapport établit, donc, les perspectives du paiement électronique en Afrique. Et sur un continent où le liquide reste roi, on se dit que la marge de progression doit être grande. En effet, souligne le cabinet américain, en 2020, seulement « 5 à 7% de toutes les transactions de paiement en Afrique ont été effectuées via des canaux électroniques ou numériques, contre 50% ou plus en Turquie, par exemple ». Mais, boostés par la pandémie, les usages changent : les volumes de transactions en argent mobile au Nigéria ont, par exemple, doublé pour atteindre environ 800 millions en 2020, tandis que « les données d’Afrique du Sud montrent que le commerce en ligne a augmenté d’environ 40% pendant les confinements en 2020 et 2021 ».
Résultat, selon McKinsey, le marché des paiements électroniques en Afrique (or paiements transfrontaliers) devrait « voir ses revenus augmenter d’environ 20% par an, atteignant environ 40 milliards de dollars d’ici 2025 ». Certains analystes, interrogés par le cabinet, vont plus loin en entrevoyant une croissance de 50% par an.
Si la pandémie a aidé à transformer les habitudes, il y a des changements de fond : la croissance d’une population jeune et citadine soutient le mouvement, et la force de proposition de paiements alternatifs, notamment dans le domaine du mobile money, permet aux consommateurs comme aux commerçants d’adopter de nouveaux réflexes. Et McKinsey de rappeler les chiffres de la GSMA, le syndicat mondial des opérateurs : « Les comptes d’argent mobile enregistrés dans le monde s’élevaient à 1,2 milliard en 2020, soit à peu près l’équivalent de la population du continent, avec plus de 2 milliards de dollars de transactions traitées quotidiennement, soit plus de 40% du PIB de l’Afrique subsaharienne. Les envois de fonds internationaux se terminant dans des portefeuilles d’argent mobile ont augmenté de 65% d’une année sur l’autre en 2020 pour atteindre environ 1 milliard de dollars, sans aucun signe de ralentissement. »
Les Fintechs, premières de cordée
Tous les voyants sont au vert, estime McKinsey. L’e-commerce gagnera du terrain. « Nous estimons que le taux de croissance annuel composé (TCAC) des revenus des paiements en ligne dépassera 30%, atteignant peut-être environ 13 milliards de dollars en 2025, ce qui signifie que les revenus vont plus que quadrupler entre 2020 et 2025 », écrit McKinsey. Les Fintechs continueront de rivaliser avec les opérateurs télécoms dans le domaine de l’argent mobile, renforçant l’offre. Une concurrence saine qui permettra également aux banques de se renouveler dans le domaine (elles vont rester des acteurs majeurs du paiement électronique pour le grand public et les entreprises), mais aussi aux PME africaines d’assurer une solide présence en ligne.
Evidemment, l’optimisme n’est pas le même pour tout le monde, certains pays ayant un longueur d’avance sur les autres. C’est le cas de l’Égypte, du Ghana, du Kenya, du Nigeria ou encore de l’Afrique du Sud, qui en tireront les plus importants revenus. A horizon 2025, l’Afrique du Sud restera d’ailleurs le plus grand marché des paiements électroniques sur le continent, avec 5 milliards de dollars de revenus annuels.