Le mouvement en marche en Afrique, qui consiste à ramener le stockage de données au plus près de sa consommation, pourrait bien s’accélérer en 2021 grâce au « data center le plus puissant d’Afrique ».
Cette nouvelle ère, amorcée en 2010 par l’Internet Society et son initiative « Eighty for Africa », qui réclame que 80% du trafic internet en Afrique soit hébergé et échangé sur le continent, a mobilisé tous les acteurs, publics comme privés. 30 Etats africains ont signé le Smart Africa Manifesto en 2013 lors du Transform Africa Summit, à Kigali. Ce texte a posé les bases de l’alliance du même nom, qui vise à accélérer le développement socio-économique durable du continent africain par l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) et par un meilleur accès aux services haut-débit.
Quelques Gafam ont même mis la main à la patte en se concentrant sur le raccordement des pays africains entre eux et au reste du monde. Le câble sous-matin de fibre optique de Google, Equiano, vient de rejoindre l’île de Saint-Hélène. Il devrait être complètement opérationnel dans les mois qui viennent, reliant le Portugal à l’Afrique du Sud, en passant par nombre de pays de la côte ouest africaine. 2Africa, le câble sur lequel Facebook travaille au sein d’un consortium d’opérateur, encerclera littéralement le continent – mais risque de mettre plus de temps à venir.
Microsoft, de son côté, continue à bâtir de plus en plus de data centers – Google aussi, d’ailleurs. Pourtant, dans le domaine, c’est un acteur local qui s’illustre. Fondé en 2008, le sud-africain Teraco propose des solutions cloud privées, publiques ou hybrides, pour les entreprises.
La société possède déjà NAPAfrica, le plus grand point d’échange internet du continent – dont le trafic a été multiplié par 1,5 depuis le début de la pandémie de covid-19, assure au Financial Times Jan Hnizdo, son PDG. Mais elle veut aller encore plus loin. En ce début février, Teraco vient de lever 2,5 millions de rands – soit 140 000 euros – pour construire le plus gros data center africain à Ekurhuleni, dans l’est de Johannesburg.
Un hyperscale de 38 mégawatts (MW). C’est la bête à laquelle pourront bientôt accéder les 600 clients de Teraco, grâce au tour de table mené par le groupe bancaire sud-africain Absa. Un joli départ pour le tout nouveau directeur financier de Teraco, Samuel Erwin. Surtout, une étape importante pour la souveraineté numérique du continent, qui n’héberge à ce jour qu’un peu plus d’1% des données mondiales. (Photo : Bl1zz4rd-editor)