En Ouganda, la Banque mondiale voit une sortie de crise par le numérique

L’Ouganda ne se relèvera de la crise sanitaire, et de celle, économique, qui en découle, qu’en investissant (aussi) dans le numérique. C’est que dit en substance la Banque mondiale dans sa dernière mise à jour de ses recommandations pour l’économie du pays, intitulée « Solutions numériques en temps de crise ». Celle-ci se base sur le constat, dressé un peu partout dans le monde, que le système de santé et la reprise économique sont renforcés par un usage accru des nouvelles technologies.

Comparaison n’est pas raison, certes. Mais force est de constater que dans le domaine du numérique, l’Ouganda a une marge de manoeuvre considérable. Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) est l’un de ceux qui connaissent la croissance la plus rapide, note l’institution financière. Il contribue, selon les estimations, à hauteur de 8,7% au produit intérieur brut de l’Ouganda et enregistre des taux de croissance annuels allant jusqu’à 20%.

Seulement, souligne encore le rapport, le pays est loin d’une démocratisation des outils technologiques : le taux d’équipement en mobile (69%) est bien en-deçà de celui du continent. Et quand bien même, « alors que sept Ougandais sur dix dans les zones urbaines possèdent un téléphone portable, moins d’un sur dix dispose de l’internet rapide ».

« L’économie numérique de l’Ouganda recèle un énorme potentiel qui peut être réalisé en améliorant l’environnement réglementaire, en investissant dans le soutien aux entreprises numériques par le biais de plateformes et de la numérisation du secteur réel, et en capitalisant sur les opportunités régionales par le développement d’un marché numérique unique », résume ainsi Qursum Qasim, spécialiste du secteur privé à la Banque mondiale et l’un des auteurs du rapport. Voyons un peu cela dans le détail.

D’abord concernant la pandémie actuelle : pour mener la guerre contre le nouveau coronavirus, les munitions de l’Ouganda doivent être les données, suggère l’étude, afin de suivre en temps réel l’évolution de le maladie. Des données qui font cruellement défaut à l’heure actuelle. Un effort doit aussi être porté sur la prévention, via des campagnes sur les réseaux sociaux (lire à ce sujet notre article sur les pays les plus efficaces dans ce domaine).

Revoir les taxes en tout genre

Au passage, la Banque mondiale tacle la manie des autorités de Kampala de multiplier les taxes dans le secteur du numérique ougandais (transfert d’argent mobile, OTT…), une fiscalité bien trop dissuasive pour ce qu’elle rapporte réellement aux caisses de l’Etat.

► Lire également : L’Ouganda taxe, les internautes trépassent

Autre préconisation de la Banque mondiale : muscler l’écosystème entrepreneurial, en montrant, par de l’investissement public, la voie aux investissements privés.

Enfin, l’Ouganda à elle seule ne peut faire ce saut numérique. Elle devra compter sur les voisins, en s’intégrant mieux à l’économie numérique régionale. « La mise en œuvre d’un marché numérique unique en Afrique de l’Est permettrait de générer 1 à 2,6 milliards de dollars supplémentaires et de créer entre 1,6 et 4,5 millions d’emplois dans la région », assure le rapport, prenant pour exemple quelques initiatives ougandaises qui ont réussi le pari de s’exporter chez les voisins : SafeBoda ou la fintech TrueAfrican. Le rapport complet est à la consulter ci-dessous. (Photo : Nina R / Flickr / CC)

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